RASPOUTINE HISTOIRE ET MYSTERE

RASPOUTINE HISTOIRE ET MYSTERE

La date de naissance de Raspoutine enfin retrouvée

 

La date de naissance disparue

 

Grigori Efimovitch Raspoutine naquit dans le village de Pokrovskoïe, district de Tioumen, province de Tobolsk. Cette petite bourgade perdue au milieu des étendues sibériennes, située sur es bords de la rivière Toura, côtoyait une grande route, le long de laquelle, sur des centaines de verstes, les cochers poussaient leurs chevaux, depuis la petite ville ouralienne de Verkhotourié, avec son monastère Nicolaev que Grigori devait tant aimer. Et ce serait cette route, qui traversait Pokrovskoïe et qui passait devant la maison de Raspoutine, qu'emprunterait la famille impériale, en cette terrible année 1918, pour se rendre à Ekaterinbourg, où la mort l'attendait.

 

La date de naissance de notre héros est longtemps restée une énigme. Jusqu'à récemment les biographes de Raspoutine proposaient les dates les plus diverses, entre 1860 et 1870. Les encyclopédistes soviétiques donnent la date approximative de 1864-65. A Pokrovskoïe, village de naissance de Raspoutine, on peut toujours voir les ruines de l'église Notre-Dame où il a été baptisé. Et les archives de Tobolsk ont conservé un certain nombre des registres de cette église.

 

Dans l'un d'eux on trouve la mention du mariage, le 21 janvier 1862, du paysan Efim Iakovlevitch Raspoutine, vingt ans, avec Anna Vassilievna, vingt-deux ans, fille de paysan.

 

Anna mit successivement au monde plusieurs filles, qui toutes moururent bébé. Enfin, le 7 août 1867, elle donna naissance à un garçon, Andreï. Mais ce dernier décède à son tour en bas âge. De même que pour Hitler et Staline, tous les enfants nés précédemment meurent. Comme si Dieu avait voulu adresser une mise en garde à ces parents. Puis arrive l'année 1869. Jusqu'à cette date on ne trouve aucune mention de la naissance de Grigori dans les registres paroissiaux. Si bien qu'il s'avère impossible qu'il soit né avant 1869 et qu'en conséquence les dates figurant dans les encyclopédies sont erronées. Quant aux registres paroissiaux postérieurs à 1869, ils ont disparu des archives !

 

Il m'a néanmoins été possible d'établir la date exacte de la naissance de Raspoutine. Dans les archives de Tioumen, se trouve en effet un recensement des habitants de Pokrovskoïe , où, à côté du nom de Grigori, le 10 janvier 1869 figure dans la colonne « Date de naissance ». C'est le jour de la Saint-Grégoire, ce qui explique le prénom donné à l'enfant.


Raspoutine a lui-même tout fait pour entretenir la confusion sur sa date de naissance. En 1907, dans le « Dossier du Consistoire de Tobolsk », il affirme avoir quarante-deux ans. Il se vieillit donc de quatre ans. Sept ans plus tard, lors de l'enquête sur la tentative de meurtre commise sur sa personne par Khiona Gousseva, il déclare : « Mon nom est Grigori Efimovitch Raspoutine-Novykh, cinquante ans ». Là, il se rajoute cinq ans. Dans le carnet datant de 1911, dans lequel la dernière tsarine notait les pensées et aphorismes de Raspoutine, ce dernier dit en parlant de lui-même : « J'ai vécu cinquante ans et j'entame ma sixième décennie. » Cette fois, il s'attribue huit années de plus !

 

Cette persistance à vouloir se vieillir est assez facile à comprendre. La tsarine l'appellait « starets ». Or les starets, je l'ai indiqué, forment une catégorie d'individus bien spécifique dans la vie religieuse russe. Originellement on appelait ainsi les moines, et plus particulièrement les moines anachorètes ; à partir du XIX e siècle, le terme est utilisé pour désigner certains moines qui, par une vie extrêmement pieuse, par la pratique de la prière et du jeûne, apparaissent tels des élus de Dieu, lequel leur a donné le pouvoir de prophétiser et de guérir. Guides spirituels, ils sont les intercesseurs entre les hommes et Dieu. Pour la conscience populaire, le starets doit être un très vieil homme, fort d'une grande expérience et qui, du fait de son grand âge, est détaché des choses terrestres. Dans le dictionnaire de la langue russe, la définition s'apparente d'ailleurs à « l'ancien ». Ainsi, Raspoutine, appelé « starets » par la tsarine, était-il gêné de sa relative jeunesse. Il avait quelques années de moins que le tsar. Il se vieillissait donc volontairement, ce que rendait possible son visage de paysan ridé, prématurément vieilli.

 

Extrait de la biographie « Raspoutine l'ultime vérité » par Edvard Radzinsky, éditions JC Lattès - 2000



05/03/2009
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